jeudi 7 juin 2012

Le bonheur est dans le pré.


A quoi tient le bonheur ? Je n'en sais pas grand chose. D'un état de béatitude quand on le vit. Une nostalgie persistante quand on y repense. Et puis vient l'heure de la maturité. Avec ses vides. La solitude. Alors pour dormir, on se concentre sur les instants qui nous ont construits.

Je me souviens. C'était un vaste chalet du nord de la France. Entouré de pâturages et de vaches normandes. Nous n'avions rien à faire. Juste à inventer. Des jeux qui convergeaient tous vers l'envie de terminer une journée maussade, en général pluvieuse, à se cacher, se trouver, fouiller l'argile au fin fond des ruisseaux. 
L'heure bénie où les adultes sortiraient la liqueur de cassis, faite maison. Bien entendu. 
Celle que nous avions bu la veille, nous les cousins. Et pour que le niveau ne baisse pas, nous avions rajouté du sirop.

Dans le pré adjacent, il y avait une mare qui servait d'abreuvoir aux ruminants. C'était déjà un exploit en soit que de le traverser. Il fallait passer sous les barbelés. Eviter les taureaux. D'autant que nous trimbalions dans nos poches de curieux mouchoirs rouges. Non pas que nous nous pensions toréadors d'un jour. Juste que nos parents nous avaient dit qu'ils pêchaient la grenouille de par cet artifice quand ils étaient petits. 
Combien avons-nous passé d'heures à agiter nos chiffons cramoisis au dessus d'une eau saumâtre qui avait cessé de respirer depuis vingt ans au moins ? 
Il paraît. Il paraît qu'en 1949, les grenouilles attaquaient les enfants aux mouchoirs rouges. Sûrement, nous ne savions savait pas faire.... Alors nous attrapions quelque têtard retardé dans un bocal à confiture légué par Mamie. Bredouilles pour ainsi dire. Avec nos parents sur le perron pour nous attendre en riant, un verre à la main….

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