samedi 24 octobre 2015

Maman,

On ne court pas après le temps, pas plus qu’on ne le rattrape je le sais. Et pourtant maman, je donnerais tout pour te prendre dans mes bras. Après, ça irait mieux. Je le sais.
Je n’ai pas eu le temps de te dire adieu. Pas eu le temps de te dire merci.

Aujourd’hui, j’ai le coeur qui saigne. Et les yeux qui débordent de toi.  C’est ton anniversaire mais tu ne mangeras pas d’orangettes au chocolat.

Ce n’est pas tant le fait que tu es morte qui me bouleverse. C’est juste que les regrets me rongent. M’asphyxient. Me submergent.  
Je n’étais pas là pour te bercer quand tu souffrais. Je n’étais pas là quand ton âme s’est échapée. J’aurais pu essayer de la retenir encore un peu, juste le temps de te dire je t’aime, une dernière fois.
Quand je suis arrivée dans ton île, ton corps était bien froid. Je t’ai serrée. Fort.  
M’as-tu entendue quand je t’ai pleuré ma détresse ?
Je n’ai pas su prendre soin de toi. Pas deviné qu’une saleté de crabe noir te grignotait les os. Pas compris que tu allais mourir si vite et si loin.
On peut apprivoiser ses peurs, mais pas la douleur. Vivre avec l’absence, je peux maman, mais avec les remords, c’est difficile.
Toi qui m’a tant aimée jusqu’à cheviller ton être au mien aux dépends de mon équilibre, reviens juste en songe m’oter de mes doutes, mes angoisses et ma peine pour me dire : Vis.
Puisque tu n’as pas su être heureuse, donne moi la force de dévorer la vie. De renaître chaque matin affamée et curieuse. De m’endormir chaque soir épuisée mais sereine.
Aide moi à aimer, à donner, partager. Aide moi à retrouver le regard émerveillé qu’un enfant porte sur toute chose, et je serai plus forte pour construire tout autour de moi des chateaux en Espagne... Puisque c’est l’espoir qui nous porte, les rêves qui nous transcendent, aide moi à décider que la vie est un cadeau.

Bon anniversaire,

Tifanny.

mercredi 7 janvier 2015

Une seule arme : la culture !


Quand toutes les démocraties auront vécu leur 11 septembre, l’horreur prendra-t-elle fin ? Ce n’est pas une question, elle n’a pas de réponse. Depuis des années, nous plongeons doucement dans l’obscurantisme en courbant nos échines. France, j’ai mal à la Liberté, à l’Egalité mais surtout, à la Fraternité…


Pour nous, en France, le 7 janvier 2015 marque la fin d’un règne. Celui de la Liberté de la Presse.  Presse chérie, presse décriée, mais presse libre. Presse menacée souvent, presse tuée aujourd’hui.  Abattue de sang froid, sans pitié. Lâcheté, ignominie. Nous sommes hébêtés.
Mourir pour un dessin vaudrait bien un remake mais Brassens n’est plus là. Geluck, malgré sa peine, nous a concocté ça :



La comparaison est osé mais c’est dans la caricature que nous puisons les forces de rester indépendants, d’esprit, de religion. Alors oui, nous avons vécu, nous aussi, un 11 septembre.
Nous sommes tétanisés. Nous ne comprenons pas. Alors nous écoutons les intellectuels s’exprimer. J’ai entendu des choses réconfortantes. Et puis j’ai lu la réaction de Salman Rushdie : “La satire doit pouvoir s’appliquer aux religions”.
Mon poil s’est hérissé. “Doit pouvoir” ???
Faut demander l’autorisation à qui ? A Dieu ? Mais quel Dieu ?
Quel Dieu serait à ce point con pour tuer ceux qu’il a enfantés ?

Faut séparer le grain de l’ivraie. Dieu a bon dos pour expliquer l’innomable. L’horreur.
Le fanatisme se nourrit de l’ignorance. Chaque année, des milliers de jeunes en déshérence sont recrutés par une hydre à mille têtes qui brandit une image falsifiée de la réalité.
Oui, le monde va plutôt mal mais non, ce n’est pas nouveau.  Il en a même toujours été ainsi depuis qu’Eve a croqué la pomme.
Tuer au nom de Dieu n’est pas un scoop. Parce que Dieu est une métaphore pour la soif de pouvoir qui provoque la jalousie, pour l’échec, qui engendre la vengeance. Ce Dieu là est un Veau d’Or. Il a toujours existé. N'est-ce pas Moïse ?
Ce que le monde offre en plus aux forces occultes aujourd’hui, c’est la puissance d’un réseau pour recruter, organiser la haine, instaurer la peur. Au nom d’un Dieu, ça pourrait être au nom d’une race. Au nom de n’importe quoi.
Il n’y a qu’une arme pour lutter contre ça : la culture. Conjuguée à l’information et la dérision, la culture est un pouvoir. Voilà pourquoi nous avons si mal aujourd’hui. L’hydre a frappé juste en détruisant ceux qui nous informent avec légèreté et intelligence.
Luttons. Pour eux. Pour nous. Luttons sans haine, sans amalgame. Nous n’avons pas peur.
Nous sommes Charlie.