Et voilà qu'on me parle culture et que ma plume sursaute. La politique, z'aviez remarqué, ne provoque plus chez moi aucun urticaire intello. J'attends que les érections passent pour revenir à la raison. Et pendant ce temps, mon esprit s'attarde, tant mieux, sur des événements à plus longue portée.
En l'occurrence, le conseil régional de la Réunion retire sa subvention au plus gros festival de musiques culturelles de l'île. Inacceptable.
On le savait depuis quelques semaines mais c'est désormais officiel : la commission permanente de la Région Réunion, toutes tendances confondues (sic,) décide de retirer cette année une subvention conséquente au festival Sakifo.
La raison ?
La présence du rappeur Orelsan qui avait tenu, en 2009, dans une de ses créations, des propos tendancieux voire violents à l'encontre des femmes.
Une "erreur" que l'artiste avait reconnue et dont il s'est depuis excusée, assurant du même coup, si besoin était, que le titre ne ferait pas partie du répertoire.
Depuis, Orelsan a reçu une Victoire de la musique. Dire que son talent n'est pas forcément emprunté.
Et que du coup sa présence sur un festival "local" ne pouvait que servir l'image d'une île qui souffre, depuis - les émeutes, les attaques de requins et le chikungunya- d'une sale image qu'elle ne mérite pas.
Au delà, je m'interroge sur la politique culturelle de la France. Malraux l'avait libérée. Rendue autonome. Il avait fait en sorte que culture ne rime plus avec confiture. Il avait instauré un ministère, en quelque sorte indépendant, qui savait juger avec le coeur, avec l'âme et contre la censure et les idées reçues. On lui doit la reconnaissance des graffs, l'existence du rap… J'en passe. Il a su bouter les censeurs hors du domaine de la création. Qui a repris son flambeau ?
Personnellement, je n'aime pas Orelsan. Pas du tout. Mais je ne situe pas non plus mes goûts et mes idées au dessus de ceux des autres.
Je n'ai pas, à l'instar des gouvernants, à juger ce ce qui est "bon" pour autrui. Gouverner, ce n'est pas régner. Ni imposer sa cour.
Gouverner, c'est rendre intelligible l'ensemble des pensées, et visiblement, ce n'est pas donné à tout le monde.
M'enfin, vous savez ce que j'en pense...
orelsan a beaucoup evolué dans sa musique mais personnelement je preferais son coté debile et choquant plutot que son nouveau style denonciateur qui pourra se comparer facilement aux autres rappeur d'aujourd'hui ^^
RépondreSupprimerJe crois que de tous temps (enfin les temps modernes!), le rôle du rapp a été de dénoncer. Pour faire avancer. En même temps, et quelle que soit son orientation, il a le mérite de composer, d'écrire. Et ça, personne ne peut lui enlever.
RépondreSupprimerMoi je n'aime pas ce style de musiques. En revanche mes ados, si. Alors, je respecte et j'apprends dans la nouveauté. Comme j'écoutais en me rebiffant ce que mes "vieux" passaient sur l'electrophone familial...
Toute création est bonne à prendre. A apprendre. Et je remarque que souvent, ceux qui n'inventent rien sont les premiers à jeter l'opprobe...
Quel que soit l'endroit, voir sucrées des sub à un festival (qui par définition s'intéresse à la musique "vivante", et pas à la musique en conserve, et est donc indispensable), me met toujours en rogne.
RépondreSupprimerParfois ce sont de plus petites attaques, mais toutes aussi symptomatiques d'un changements délétères de la société. Ainsi un concert de rock dans une grande salle de par chez nous -qui a accueilli par le passé Bowie, Noir Désir, Iggy Pop : pas vraiment des artistes "silencieux"- s'est vu interdire 4 heures avant le début du concert au motif que "ça faisait trop de bruit pour le voisinage".
Ce n'est qu'un exemple, mais il n'est hélas pas le seul. Et la musique seule n'est pas en cause, mais aussi une petite guerre politique contre les administrateurs d'une salle, plus indépendants et plus "à gauche" que les élus locaux, etc. En pâti la culture, bien sûr, mais aussi les acteurs culturels,musiciens et personnels de ces lieux de culture indépendants.
Orelsan j'avoue que je trouve que c'est du très mauvais Rap (mais j'en écoute assez peu, trouvant le Rap français plutôt mauvais dans son ensemble), et qu'il ait été consacré par une victoire de la musique est plutôt mauvais signe à mes yeux (ça fait longtemps que je considère que les victoires sont l'auto-célébration d'un petit milieu qui reflète mal l'art "là où il vit").
Quand à Malraux... il m'a toujours laissé une impression mitigé, entre génie imposture et pillage d’œuvres d'art.
Il est évoqué dans le spectacle "inculture(s) I" de Franck Lepage, une chose à partager et à diffuser, que l'on peut télécharger gratuitement et légalement sur le site des renseignements généreux. (Je met le lien direct vers la vidéo téléchargeable).
inculture(s) 1 - torrent légal
Puisse le festival Sakifo survivre à ce mauvais coup.
ça m'intéresse tes infos sur Malraux. Pour moi, c'est à la fois un Dieu (je l'ai personnellement connu), un homme d'une intelligence rare que le destin n'a pas épargné (il a perdu ses deux fils) et un fin manipulateur dans lequel Mitterrand s'est reconnu. Avant d'aller plus loin, je vais consulter ton lien.
RépondreSupprimerMerci pour tes commentaires. Toujours avisés. Réfléchis et cultivés.
Je partage tes opinions sur Malraux.
RépondreSupprimerC'était un homme d'une intelligence fine comme on en rencontre bien trop peu, et un beau maître de la langue aussi. Mais cela ne va-t-il pas de paire ?