jeudi 28 avril 2011

Une tite pilule pour rentrer dans le moule.

Je suis parfois fatiguée. Plutôt battante. Un matin déprimée et le lendemain pleine d'enthousiasme. Je suis comme vous. Il m'arrive de boire trop. Je fume sans relâche, j'ai cinq enfants. Je travaille. Chez moi c'est le berdol. Je prends du xanax pour dormir. Je suis normale en somme. Enfin… Je croyais.



Mais la normalité, ça, c'est pas bien vu. Et puis mon erreur, c'est d'être allée consulter un psy. Surtout pour l'ordonnance. En dehors, j'ai répondu aux questions. 15 minutes de consult'  top chrono. 55 euros. 
Et le verdict : madame, vous êtes bipolaire. 
Du coup, à la pharmacie, j'ai dû prendre un caddi. Antidépresseur, régulateur de zumeur (si si, et ça va pas m'arranger…), et mon précieux xanax sans lequel, effectivement, j'aurais déjà tué la moitié de la population. Surtout les vieux le mercredi matin mais ça, c'est une autre histoire…
 Je vous passe l'heure d'attente dans une salle sordide garnie de Paris-Match millésime 2010. Je zappe les patients qui respirent si fort qu'on les penserait asthmatiques. En fait, j'ai compris après, ils soupirent…
Moi je suis accablée. 
Bipolaire. J'ai regardé sur internet, tout ça, Doctissimo.com ( le Vidal des ménagères de plus de 75 ans, doté d'un QI d'huitre, hypocondriaque de mère en fille sur 7 générations). Et je vais vous dire, je suis dangereuse pour la Société. Ah mais oui! Vous lisez une maniaco-dépressive qui s'ignore : c'est les pires…
 C'est vrai que je trempe parfois ma plume dans du cyanure. Mais je n'ai pas l'habitude de sortir armée. Et mes enfants sont encore en vie. Quoique là, tout de suite, faut pas qu'ils me gonflent, les ratons.
Mais vous savez quoi? Le côté rassurant? C'est que je ne suis pas la seule… 
C'est la MODE. Comme les border-line, les hyperactifs.  
Allez hop! Vous reprendrez bien une petite pilule? 
C'est une ère de normalisation. Comme les courbes de croissance, faut rester linéaire. Sinon, c'est forcément pathologique. Et ça se soigne, oui madame, avec des médicaments qui sonnent tellement que, c'est sûr, on n'est plus bi. Ni polaire. Ni quoi que ce soit d'autre qu'une éponge prête à entendre, accepter et vénérer toutes les conneries absolues qui forgent notre société policée. Polie. Et lissée.
Enfin, moi, ce que j'en dis… C'est pas de ma faute. Je suis malaâdeuh, complètement maalâdeuh...

1 commentaire:

  1. Ce cri de normalité contre les psy est-il une prise de conscience que beaucoup d’entre nous sont considérés comme malades dans cette société d’interdits, de police, de politiquement correct et d’arrivistes?
    Dans ce contexte, dès qu’un individu n’est pas dans la ligne et sur le haut du panier, il peut être fiché psychiquement malade et cela rapporte beaucoup aux spécialistes et aux laboratoires pharmaceutiques.
    De même pour un enfant non strictement adapté aux rythmes scolaires soupçonné d’être hyperactif par des professeurs incapables de retenir son attention.
    Halte au feu : éviter au maximum de recourir aux psy et drogues légales qui vont vous démolir au bénéfice des prescripteurs et des fabricants de médicaments.
    Et si la question était que les êtres sortant de la norme sont plus intéressants que d’autres à condition qu’ils ne causent de mal ni à eux-mêmes ni à leurs proches ?

    RépondreSupprimer