mercredi 8 octobre 2014

Maman ?

Samedi, je vais te dire adieu et ton corps sera froid. Peut-être faudra-t-il prononcer quelques mots quand l'infernale flamme de l'incinérateur viendra lécher ton cercueil ? C'est compliqué Maman. Les oraisons funèbres, c'est pas mon truc...

Depuis toujours, et aujourd'hui encore pour être honnête, quand je suis triste, peinée, déçue, quand je perds espoir, quand j'ai peur, quand j'ai froid, alors, dans la nuit, je retrouve ma voix d'enfant et j'appelle : "Maman ?" . Tu m'as toujours répondu maman. Même en pleine nuit. Même quand tu étais fatiguée. Pourtant non, tu n'as pas été parfaite. Tes choix de vie n'ont pas toujours été judicieux. Tes réactions plus qu'imprévisibles. Pourtant, comme maman, je n'en n'aurais pas désiré une autre que toi.
Mais voilà, ça maman, je n'ai pas eu le temps de te le dire. Pas eu le temps de te dire que je sais, maintenant, que tu as fait avec et qui tu as pu. Tu t'es plantée, c'est le premier rôle d'une maman, maman.


Cette nuit tu t'en doutes, je n'ai pas dormi. Toi non plus. Cette nuit, tu as attrapé la dernière barque solaire, puis lunaire, pour rejoindre Ré. Tu as parcouru le monde. Et Anubis a tout bien pesé. Je ne connais pas le poids de ton âme. Maman. Personne ne le connaîtra jamais parce que tu étais, tu es, tu resteras, incernable. Humaine. Imperceptible maintenant que tu es partie. Mais je sais que de ta vie ont jailli plein de vies. Merci pour ça Maman.
Maman ? Tu ne me réponds plus. Maman ? Tu ne m'entends plus. Demain Maman, j'embrasserai ton corps. Pour la dernière fois. Et ça, maman, je sais que tu le sentiras.


5 commentaires:

  1. Superbe texte d'amour filial d'une jeune mère à sa maman à la personnalité riche et aimante.
    Tout est dit de nos imperfections de mère , on fait comme on peut disait F . Dolto , de l'appel au secours à son endroit quand on souffre trop , même adultes, physiquement ou moralement, que l'on se balance sur le lit comme pour retrouver ses bras en corbeille qui nous berçaient et nous protégeaient.
    La douleur ne s'en va jamais, elle s'apprivoise .

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  2. ta déclaration d'amour à ta maman m'emeut au plus profond de mon être.
    je ressens ta peine comme si elle etait mienne. je n'ai jamais su trouver les mots pour le dire mais au travers de ce que tu ecris ,je saurai, et il est grand temps de parler à ma propre maman tant qu'il m'est encore temps

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  3. Merci pour vos commentaires. Ils me touchent beaucoup. D'autant que je ne sais pas qui écrit ... Catherine LP et Anonyme... Amis virtuels et réconfortants...

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  4. Ma petite chérie , ton nouvel écrit sur l'absence de ta Maman est très émouvant , triste et amusant à la fois , ton style épistolaire , tout TOI !!!
    Quelle sublime photographie , la beauté qui nous tourne le dos pour un ailleurs.
    Catherine LP est ta tatie de Compiègne qui t'aime!

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  5. Catherine ? Ma tante ? Quelle belle plume tu as !

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