dimanche 26 octobre 2014

Apprendre à vivre sans toi.


Quand tu es partie maman, je n’ai pas ressenti grand chose, peut-être même une forme de soulagement. Parce que tu tu étais déjà loin. Déjà dix ans que la vie t’ennuyait. La vie te tuait, te rongeait. L’anxiété permanente. La solitude…
La nouvelle est tombée, j’étais dans ma cuisine. On s’y attendait depuis deux jours. C’est court deux jours pour se faire à la mort, maman. C’est court.
J’ai raccroché ce maudit téléphone. Happée par le vide, j’ai vécu en apesanteur. C’était un mardi.

J’ai bu pour ne plus avoir mal. J’ai pleuré des seaux de larmes. Puis j’ai pris cet avion. Dans un état second. A ce moment là, encore, je ne suis pas bien sûre de mes sentiments. Etait-ce de la douleur ? De la peur ? Je ne sais pas car si j’avais su maman, si j’avais su...
Si j’avais su nous aurions tant parlé. Si j’avais su j’aurais tout envoyé bouler, les clients, le boulot, les enfants, pour un avion plus tôt.
Si j’avais su j’aurais pris soin de toi. Tu ne serais pas repartie mourir dans ton île, maman. Tu serais restée près de moi.
Quel détour pour rien ! Je suis allée chercher tes cendres là-bas et aujourd’hui elles sont près de moi. Dans ce bureau que tu aimais tant. Auprès de tes photos, de tes objets et de tes aquarelles. Un mausolée en somme. Ma manière à moi de faire mon deuil.



Quand j’ai embrassé ton corps, froid; ton visage, lissé par la mort, alors j’ai compris. C’est fini. Ce n’était jusque là qu’une illusion à laquelle je ne croyais pas. Je ne te croyais pas capable de mourir sans m’attendre, maman. Pourtant tu l’as fait. Je veux croire que tu ne l’as pas fait exprès, maman.  Je veux croire que tu ne l’as pas fait exprès.

Je t’ai prise dans mes bras. J’ai respiré ton odeur. Tu étais belle. Sereine. Apaisée, enfin. Alors je t’ai parlé. Et tu m’as entendue. Je crois même que tu m’as souri. Je crois, oui.

Le lendemain, je suis revenue mais ton âme, elle, s’était envolée et j’ai eu froid.

Quand ils ont fermé ton cercueil, mon sang s’est figé comme le tien. Alors c’était bien ça... J’allais devoir apprendre à vivre sans toi ! 
Et je t’entends me dire :
-       “A ton âge Fanny, il serait temps !”
Tu as raison maman, mais je suis ton enfant.
Je vais apprendre à vivre sans toi, maman, mais j’ai besoin de croire que tu vas m’aider. Pour l’instant, j’attends. Un signe. Un rien. J’entends le silence. Il est assourdissant. C’est peut-être pour ça que je ne perçois pas ta présence. Alors, maman, fais taire ce silence…
Je t’aime.


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