dimanche 22 janvier 2012

Le coeur en bandoullière...



C'est juste un fait divers. Un événement dont on se passerait. Mais il survient tout près de chez moi : ou c'est que je l'entends en boucle à la radio. La femme de Luc Chatel s'est donnée la mort. Un euphémisme pour suicide. Elle avait quatre enfants.



La femme de Luc Chatel…. A-t-elle un nom? Sûr me direz-vous. Astrid (s'en suit un patronyme alsacien imprononçable mais qui s'en soucie…) s'est pendue ce matin chez elle. 
Alors au feu les querelles politiques. Au jour la souffrance. Astrid et Luc Chatel avaient quatre enfants. Issue d'un chouette milieu au sein duquel on n'a pas faim, où les enfants fréquentent les meilleures écoles, où l'esthéticienne est un eldorado abordable, ou le steak du vrai boucher coûte un bras, elle a choisi de disparaître, sans sonner l'alarme de son angoisse. 
Astrid avait quatre enfants. Et plus une once d'énergie pour survivre. Ne serait-ce que pour eux. C'est un mystère. Insoluble et irrationnel. C'est une horreur. Et il me revient en mémoire le suicide de "la femme de" Cantat. Elle s'appelait Kristina Rady. Une nana d'envergure, qui s'est battue pour sauver son mari des affres de l'angoisse. Elle y est parvenue. Pour finir par se donner la mort, un dimanche matin là encore, par pendaison là encore, dans le salon familial, là encore... Son fils, Milo, l'a retrouvée. 
Comment la vie peut-elle devenir tel fardeau? Comment une maman peut-elle choisir la mort plutôt que de contempler son oeuvre? Ses enfants? Comment en arrive-t-on à tant de souffrance qu'on ne peut rester en vie pour parachever l'essentiel? Insoutenable. Quand la vie devient insoutenable. Que reste-t-il? Des questions. Des errances. De la douleur. Pour ceux qui restent bien entendu. Et qui n'ont rien pu faire avant car les "suicidés", ceux qui ne se "ratent" pas, n'alertent pas les foules avant le passage à l'acte.
Et moi, du coup, je pense, je pense, je pense. A Luc Chatel et à ses enfants.

10 commentaires:

  1. Je suis bêtement humain, imbécilement humain, mais la mort d'un autre semblable me fait toujours mal, même quand ce n'est pas une personne que je ne connait ou n'apprécie.

    Les député feront-ils une minute de silence ?

    Celle-ci serait justifiée, bien plus que celle qui fut tenue en l'honneur du député Jean-Marie Demange.

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  2. Moi, ce qu'il reste après l'analyse, c'est l'incompréhension. La souffrance? J'en suis une familière, voire une grande amie et de longue date. Mais quitter la vie en laissant des êtres chers.... Je suis humaine aussi. Alors j'aimerais comprendre. Comprendre pourquoi cette femme n'a pu être écoutée, entendue, aimée? J'ai mal aux tripes. J'ai mal pour son homme qui doit retourner cent fois dans son âme les raisons d'un tel acte. Mal pour ses enfants, blessés à vie, qui passeront leur temps à se demander ce qu'ils n'ont pas su donner. C'est un drame avec un D majuscule. Qui a et qui aura des conséquences dramatiques bien au delà du suicide. On sait, par expérience, que cet acte là mutile des familles, et pour des décennies.

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  3. On ne se remet pas du suicide d'un proche. Ça laisse plein de trous à l'esprit, des manques, des questions, et bien pire que le "pourquoi", le "qu'est-ce que j'aurai pu faire pour changer ce qui est arrivé ?".

    C'est souvent une bien mauvaise question qui se pose au mauvais moment. Mais on ne peut s’empêcher de se la poser, même quand les "pourquoi" ont trouvé réponse, et que cette réponse est une impasse : on n'y pouvait rien.
    Parce qu'on se retrouve plein de vouloir, de bonne volonté, prêts à donner de soi pour que ce ne soit pas.

    Ce n'est pas facile d'accepter son impuissance à faire revenir ceux qu'on a aimé.

    Ce genre de drame marque profondément en effet et peut laisser des blessures qui se trainent au delà de ceux qui connurent le/la suicidé(e) de son vivant.

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  4. Il y a un livre très intéressant sur le sujet. Le dernier Delphine de Vigan. "Rien ne s'oppose à la nuit". Elle raconte la vie de sa maman, suicidée "sur le tard". Elle s'interroge. Parce que dans sa famille les suicides ont été nombreux. C'est poignant. Je vous conseille, si vous ne l'avez déjà fait, de le lire. En outre, elle écrit magnifiquement...
    Sur un plan plus personnel, puis-je vous demander comment vous avez atterri sur mon blog? J'aime beaucoup vos commentaires...
    Fanny

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  5. je suis arrivé ici par hasard, (je ne sais plus si c'est en sautillant de lien en lien à travers les blogs ou par des commentaires sur "Postérieur de Cabri".

    "Rien ne s'oppose à la nuit", je ne l'ai pas lu encore, mais ça ne saurait tarder ;)

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  6. C'est un bouquin dur, mais juste. Ecrit d'une plume juste et poétique. ça parle de suicide, mais aussi de pervers narcissique.
    Vous avez un blog?

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  7. C'est un tout petit blog qui peine à se développer.
    Je l'avais créé juste par amusement et... j'ai continué.
    Je voulais passer à un contenu un peu plus sérieux de temps en temps, mais je n'ai pas beaucoup de temps à lui consacrer (et l'histoire décousue qui s'y déroule depuis le tout premier message a phagocyté l'espace bloguesque).

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  8. Moi je le trouve original et intéressant ! Dans le monde de la blogosphère, il n'est pas facile de se démarquer !

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