A Foigny, lorsque nous étions petits, le ciel existait encore et les étoiles formaient par beau temps une voûte dans laquelle nous lisions toute l'histoire de l'humanité. Nos parents n'étaient pas astrologues, non, juste poètes. Juste assez perspicaces pour reconnaître la grande de la petite Ours. Qu'importe. Ils auraient pu nous inventer n'importe quel dinosaure, nous rivalisions de Ahhhh et de Ohhhh, trop heureux de partager et de prolonger le temps, qui déjà commençait à nous échapper..
Que le firmament soit dégagé même une soirée d'août à Foigny, ce n'était déjà pas si fréquent. Mais que les oncles et les tantes décident d'allonger sur les pelouses de larges couvertures mangées aux mites pour nous installer confortablement sous le ciel pailleté, je n'en n'ai qu'un seul souvenir. Il est donc unique. Il vaut de l'or. Comme la rose du petit Prince.
C'était en 1974. La canicule. Même en Thierache. Le soleil ne cessait de briller pour offrir à la lune, la nuit tombée, une scène épurée où les astres n'ont plus jamais resplendi de la même lumière. A la fois blanche, bleue et rosée. A la fois réelle, et totalement fantastique. Oncle Gérard nous apprit ce soir là que la plupart des étoiles que nous voyions briller étaient mortes depuis des millions d'années-lumière. Quel privilège ! Quel bonheur ! Quelle féérie !
Nous conter les constellations ne servaient qu'un but : attendre l'étoile filante qui promettait de réaliser nos voeux les plus chers. D'apprendre que nous assistions en direct, mais en très large différé à l'agonie de quelque chose qui avait existé, c'est une expérience que l'on n'oublie jamais. Jamais.
Depuis, le soir, quand je suis triste, je fais comme le petit Prince. Je regarde le ciel et je parle aux étoiles. Et je comprends pourquoi elles me répondent. Parce que seuls les adultes qui ont eu une enfance gardent en eux pour toujours une âme et un regard.
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