L’initiative est généreuse. Ce matin, quelques artistes ont manifesté devant le ministère de l’immigration pour apporter leur soutien aux sans-papiers et aux Roms. Ils ont interprété «les p’tits papiers» de Gainsbourg. Le hic, c’est le parvis. Régine en tête, ça sonne faux.
On se souvient de cette envolée lyrique birkinienne qui déclarait, en gros qu'elle n’oublierait jamais la Birmanie et qu'elle agirait toujours dans ce sens. Une petite phrase mal tournée qui valait son pesant de cacahuètes autant qu’elle ridiculisait une situation préoccupante. Juste en la rendant pathétiquement incompréhensible. De la part d’une artiste pas forcément concernée par la question.
Ce matin, c’est Régine qui a repris le flambeau en entonnant «Les p’tits papiers» d’une voix graveleuse et vaguement fausse.
Faut-il à tout prix que nos poeple larmoient pour que les «gens» s’apitoient?
Il faut le croire.
Les Enfoirés en tête frôlent aujourd’hui la décadence star-académicienne.
Oui, c’est la mode des chanteurs engagés. Et oui, c’est bien. C’est honnête. Sauf quand ça perturbe l’ouïe. Parce que vous, je ne sais pas, mais moi, j’y crois pas. Régine, ce matin, elle ne m’a pas fait vibrée. Elle m’a fait pitié. Voire elle m’a fait rire avec son histoire de papiers demandés après guerre, même qu’elle a beaucoup souffert.
Vous me direz, ces poeple in the wind, ont peut-être raison de chanter la sérénade à Besson. Sarko lui même, en son temps d’érection au trône de France, avait son Johnny et sa Mireille chantant pour son royaume.
Les armes de la démocratie changent, ma bonne dame. Avant, on s’insurgeait, on pétitionnait, on grèvait. Maintenant, on pousse la chansonnette d’une voix tremblotante pour saisir le lambda droit au coeur.
On vit une époque formidable. Mais moi, ce que j’en dis, hein?
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